what are you doing here ? (eli)

Tu préparais une énième fête, tu en avais pris l'habitude. Toutes les deux semaines voire trois semaines, tu en faisais une, tu essayais de te casser la tête pour trouver un thème, le but unique c’était de trouver quelqu’un à Baby parce que tu n’aimais pas la voir ressasser le passé. Tu voulais qu’elle ait le meilleur donc tu sélectionnais les mecs, un peu de tout histoire qu’elle est du choix mais au fond de toi tu savais pertinemment que dans sa tête elle ne songeait qu’à Eli et en y repensant, il était vraiment bien pour elle, mais c’était lui le fautif, il l’avait quitté alors qu’elle aurait pu tout donner pour lui. Tu la connaissais depuis des années et tu savais quand c’était le bon pour elle. Et puis, tu faisais aussi des fêtes pour rencontrer toi aussi l’amour, enfin le rencontrer de nouveau. Tu avais rompu avec Jay parce que tu croyais qu’il te trompait et depuis tu avais verrouillé ton cœur, tu t’étais forgée une vraie carapace pour cacher tes émotions. Depuis lui, l’amour, tu ne le vois pas de la même façon, c’est compliqué pour toi d’être avec quelqu’un ou de te donner à quelqu’un, tu as beau essayer mais ce n’est jamais facile. Tu mettais ces pensées de côté, tu ne voulais pas songer à lui, pas aujourd’hui, tu voulais surtout profiter de ta journée et de ta soirée. Actuellement tu étais au bord de la piscine de tes parents, enfin tu pouvais dire « ta » piscine vu le peu de moments où tes parents se décident à rentrer chez eux. C’est un peu grand pour toi mais tu t’y fais, tu es toujours contente lorsque Baby vient dormir à la maison ou l’un ou l’une de tes frères et sœurs qui s’invitent pour un soir. En général c’est surtout Phoebe qui vient squatter mais ça fait un moment que tu ne l’as pas vu ni eu de ses nouvelles mais tu as l’habitude avec elle. Donc tu étais allongée tranquillement dans un transat au bord de la piscine, un cocktail sans alcool parce qu’à trois heures de l’après-midi c’est un peu tôt pour boire, et tu projetais de prendre des couleurs ou plutôt améliorer ton bronzage, passer une après-midi de congé tranquille en somme. Tu checkais cependant ton book pour proposer de nouvelles tenues à ta boss, tu espérais vraiment que de « personal shopper », tu puisses passer à styliste. Après tout, c’était une forme de stylisme non ? Puis alors que tu relevais les yeux de ce que tu étais en train de faire, tu observais les gens qui étaient en train de longer la longue avenue de baraques bourrées de fric, comme la tienne en somme, et là, tu remarques un jeune homme, et il te dit vraiment quelque chose. Alors pour en avoir le cœur net, tu te relèves du transat dans lequel tu étais vraiment bien installé, en fait quand on pique ta curiosité il faut que tu ailles voir tout de suite, ensuite tu mets ton paréo autour de ta taille et tu vas voir discrètement, enfin tu essayes parce que c’est pas ton fort, de qui il s’agit. Le plus grand des hasards fait que tu tombes sur Eli, le Eli de Baby et là t’en crois pas tes yeux. Tu vas même jusqu’à te pincer pour voir si tu ne rêves pas, mais tu constates que non, que c’est bien réel et qu’il est bien là. Tu ne te démontes pas, tu t’en moques d’être en maillot de bain, tu n’es pas nue après tout et tu sors de chez toi. Tu te places devant le portail de la maison, les bras croisés. Lorsqu’il se retrouve à quelques mètres de toi, tu l’interpelles avec la froideur d’un gardien de prison. Qu’est-ce que tu fais là ? Pas de bonjour, pas de « comment ça va ? », tu as trop rancœur contre lui pour lui parler comme si de rien n’était. Pourtant quand il était avec Baby, tu l’appréciais vraiment, mais quand t’as su pour sa tromperie, tu as tout de suite revu ta propre histoire, et t’as décidé que toi aussi tu lui en voulais et que s’il venait à revenir, tu ferais en sorte de ne pas lui rendre la vie facile.

Pourquoi il avait fait confiance à la vendeuse du magasin de prêt-à-porter ? POURQUOI ? Suite aux déclarations de Mme la Maire, Eli en bon citoyen avait été acheter une jupe. Complètement paumé, il avait pris la première du rayon et le requin de vendeuse l'avait ferré. Limite il se demandait si elle ne l'avait pas suivi depuis son entrée dans le magasin sentant le drame à venir et la bonne occasion de faire une vente. Sans avoir le temps de respirer, elle l'avait harcelé de questions auxquelles il n'avait pas su répondre et il s'était retrouvé face au miroir, portant une jupe, puis une autre, puis une autre et encore une autre. Le temps commençait à se faire long et il n'avait pas que ça à faire ce jour là. "- Non mais clairement, c'est la jupe crayon en simili-cuir qui vous va le mieux" qu'elle avait piaillé d'une voix mielleuse. What the hell ? Eli est du genre patient mais là il n'en pouvait plus. "- Très bien, va pour celle-là alors" qu'il avait soupiré, las et passablement énervé. C'est comme ça qu'il se retrouve à se trimballer depuis un mois à peu près, comme un espèce de pingouin qui ne sait pas trop quoi faire de ses ailes. Réflexion faite, ça ne le met ni en valeur (mais était-ce la question ?) et l'objet ne lui est absolument pas confortable. En plus, ça tient chaud, hors de question de faire de la moto dans cet accoutrement. Donc il est à pied le gaillard. Il déambule dans les rues de California Bay, ne rêvant que d'une chose, rentrer chez lui après un petit détour chez Baby pour y déposer une petite carte du ciel sous le paillasson.
Il s'approche de la maison de Mara et se perd dans ses pensées... enfin pas si longtemps que ça parce que la voix pas si inconnue de Mara l’interpelle, froidement :
"- Qu’est-ce que tu fais là ?"
Here we go. Eli s'approche du portail en se dandinant, levant les yeux au ciel en signe d'exaspération. Il s'y attendait, dès qu'il aurait refoutu un pied de près ou de loin dans la vie de Baby, le mécano aurait à affronter Mara. Il n'était pas dupe, vu l'aperçu du caractère de Mara qu'il avait eu et la proximité entre les deux jeunes femmes : il allait passer un sale quart d'heure. Soyons honnête, pour autant, il aurait préféré le faire dans d'autres circonstances. Brace yourself Calibay golden boys and girls, the soap opera is going live and stereo again. Oui, parce qu'il commençait à être habitué à se faire alpaguer par les meilleures amies en plein milieu de cette rue et à déballer sa vie à portée des oreilles indiscrètes du quartier. Franchement, ça le botte pas des masses, il est plutôt réservé le garçon mais vu la dégaine de la personnal shoper, il n'y coupera pas. Le mécano s'approche donc, avec un sentiment de non crédibilité prononcé avec sa foutue jupe crayon.
"- Salut Mara. Ravi de te revoir." fit Eli, d'un ton tout aussi froid et calme, feignant la surprise. Une pincée d'acidité dans la voix aussi, n'appréciant guère son impolitesse. Par contre, faut pas pousser Mamie dans les bégonias, il va prendre des balles dans le buffet, il s'en fiche un peu de savoir comment elle va.
Il fait mine de se tourner vers le début de la rue dans laquelle elle vit, pointe le doigt dans cette direction, arque un sourcil et fait une grimace en se retournant vers elle :
"- Oh ! J'occupe l'espace public, c'est encore légal non ? J'ai vu ni vigile ni sens interdit à l'entrée du lotissement."
Clairement, c'est de la provocation, histoire de gagner du temps avant de devoir se mettre à se justifier. Il est en réalité mal à l'aise, la provoc' l'aide à le dissimuler. Le mécano n'est pas con, dans l'idée, s'il veut revenir dans la vie de Baby il sait qu'il doit reconquérir les deux jeunes femmes. Cela vient en lot, deux pour le prix d'une. Eli n'allait pas mentir, à l'époque, il appréciait Mara et qu'elle est un élément clé de la vie de Baby. Un élément clé qui ne s'est pas barré quand c'est devenu le bordel. Aïe. Un élément clé qui a tenté de réparer les dommages qu'il avait causé : l'art et la manière sont discutables mais les faits sont là. Au fond, il est même reconnaissant envers Mara. Mais bon, les bons sentiments semblent être enterrés par la froideur de l'échange et Eli avait appris à la dure de ne pas se laisser marcher sur les pieds. That was the point. Donc, il allait faire ce qu'il faisait de mieux dans un premier temps aka encaisser les coups et ensuite les rendre. Parce que c'était la nouvelle donne. Il allait se défendre parce qu'en fait, c'est pas le connard qu'il avait prétendu être et ensuite, peut-être qu'il ferait allusion à ces fameux bons sentiments. Peut-être, cela dépendait du mètre cinquante cinq de rage qui fulminait devant lui.

Bien sûr t’étais difficilement agréable quand on parlait d’Eli, pourtant tu ne l’as jamais détesté, mais à cause de ce qu’il avait fait à Baby, tu te devais de ne pas être très agréable avec lui, surtout que c’est toi qui avais récupéré Baby à la petite cuillère depuis qu’il l’avait trompé avec une autre, enfin c’était encore ce que tu croyais et comme il n’y avait pas eu de démenti, tu étais restée là-dessus. Tu lui en voulais davantage parce que ton ex avait fait la même chose avec toi donc tu ne pouvais pas laisser autant de distance que tu ne devrais car ça ne te concerne pas directement, mais voilà Baby était comme ta sœur donc forcément tu la protèges, tu la surprotèges parfois même mais c’est comme ça, tu l’as fait pour tes propres frères et sœurs donc pour elle aussi. Tu ne t’attendais pas à le voir ici, ni à le revoir à vrai dire, tu te demandais même si Baby l’avait revu et si elle lui avait pardonné parce que tu n’étais pas dupe, tu savais que malgré tous les mecs que tu lui présentais, elle n’allait jamais oublier Eli et, quelque part, tu la comprenais parce que pour toi aussi c’était dur d’oublier Jay. Le fait de revoir Eli ne te plaisait pas tellement mais par contre la jupe, ça te faisait rire. Tu avais entendu parler des décrets originaux de la maire et tu te demandais vraiment si tous les hommes allaient s’y plier et apparemment Eli en faisait partie. C’était plus ridicule que joli, et ça avait le don de te faire rire, enfin pour le coup tu tentais de rester sérieuse mais dans cet accoutrement, ce n’était pas chose facile. Loin de là. Lorsqu’il tente un « Salut Mara. Ravi de te revoir. », tu sens clairement que le tout est absolument faux mais ce n’est pas grave, tu t’en moques après tout. Il est le seul « ravi » dans l’histoire alors. Lorsqu’il tente de se justifier, qu’il peut être là parce que c’est un espace public, tu lèves les yeux au ciel. Tu as vraiment du mal à te contenir. Tu essayes de ne pas faire une scène en plein milieu de la rue, alors avant que tout le monde ne se moque de son look, tu le traînes à l’intérieur de chez toi, pour mieux le virer quelques minutes plus tard. Je me demande juste ce que tu fais ici en ville. Est-ce que je dois t’expliquer comment j’ai récupéré Baby la fois où tu lui as dit que tu l’avais trompé ? Ça allait crescendo, tu savais que ta colère allait sortir mais tu te retenais jusqu’à ce que tout ne sorte, pas forcément de la bonne manière. Elle t’a tout donné, tu sais je la connais depuis des années, elle n’a jamais aimé personne comme toi. Peut-être que ce n’est pas à moi de le dire, certes, mais je tiens à elle, c’est comme ma sœur et je me sens parfois obligée de la protéger pour qu’on ne lui fasse pas de mal. Baby c’est la douceur incarnée. Ça reste votre problème mais je ne veux plus qu’elle souffre, pas encore, elle a bien trop souffert à cause de toi. T’as peut-être pas voulu tout ça mais c’est arrivé, et maintenant, honnêtement je ne veux pas qu’elle retombe dans tes bras parce que tu l’as déjà blessé une fois, je ne veux pas que tu le fasses une seconde fois. Tu n’avais pas détourné le regard, tu savais qu’il te dirait que ça ne te regardait pas mais t’avais au moins dit ce que tu en pensais. Est-ce que c’était parce que tu vivais la même chose que tu réagissais ainsi ? Évidemment, tu prenais la défense de Baby mais clairement, il n’y avait pas que ça.