eli - aftermath

on another love,

Part  1
You're a bow and arrow, A broken guitar, While the rain water washes away who you are, We go over the mountains and under the stars, We go over the mountains and under the stars, Won't you hold my hands over my heart? I want you to close my eyes when it grows dark...
Reuben and the dark - Bow and arrow

(1) James. Ce n'est pas son vrai nom de famille, après la dénonciation de son père, Eli et sa mère n'ont pas seulement changé de résidence, ils ont aussi changé de patronyme. Cela a simplifié les choses aussi, pour leurs thérapies, de ne plus porter le nom de leur bourreau. Son nom de famille de naissance est Sullivan, mais ni Eli ni sa mère ne veulent entendre ce nom désormais. James, il aime bien ce nom, court, simple, efficace.
(2) Eli, diminutif d'Elyan, prénom trop ancien pour être attribué ainsi, a toujours été un enfant battu. Son père, alcoolique, menant une vie dépourvue de sens, peinant à finir sa journée et encore plus à boucler les fin de mois, les passait à tabac chaque jour avant de jeter Eli dehors. Protecteur, Eli s'est assez tôt interposé entre son père et sa mère, prenant volontairement une double dose de coups et abus en tout genre pour protéger la seule personne qui comptait à ses yeux.
(3) Patch. Patchwork. C'est le triste surnom qu'on lui donnait à l'époque à New York, en raison des bleus et des cicatrices qui ornaient son corps. Son image l'a très longtemps dégoûté. Impossible de se regarder dans un miroir plus de quelques minutes. Quelques minutes, c'était suffisant pour se peigner et se laver les dents. Aussi, comme beaucoup de jeunes battus ou s'automutilant, Eli portait des vêtements couvrants. Pendant un moment, il a commencé à avoir plus de tolérance envers ses blessures, Baby le rapiéçait, c'était bien le mot, comme elle pouvait. Sans qu'il ne lui explique, il était bien incapable de parler de cela à ce moment-là. Et puis il ne voulait pas entacher ces moments de bonheur. Ils étaient déjà bien assez courts à l'échelle de la journée, il allait pas les pourrir avec ses malheurs. Patch, ça le suit, c'est le nom qui orne son bleu de travail. Comme pour se rappeler d'où il vient malgré cette furieuse envie de se reconstruire, de vivre, et de laisser le passé derrière lui.
(4) La mécanique, c'était l'échappatoire, mais c'est devenu tellement plus. L'échappatoire car au moins pendant ce temps, il ne faisait pas taper dessus par son géniteur mais aussi car, rapportant un peu d'argent à la maison, son père tendait à lui asséner moins de coups. Il a tout appris de Gus. L'homme a donné sa chance à Eli, voyant que le garçon avait besoin d'un peu d'empathie et surtout d'un cadre pour grandir. Gus, Fergusson de son prénom complet est devenue la figure paternelle d'Eli, celui qui lui a appris les vraies valeurs de la vie, l'importance de la bienveillance et du travail bien mené. S'il avait pu, Gus l'aurait sorti de l'enfer de la maison Sullivan. Eli s'était toujours obstiné à ne pas demander clairement d'aide. Gus ne pouvait rien faire de plus.
(5) Eli maîtrise parfaitement la langue des signes anglaise. Vous vous demandez sûrement pourquoi. L'explication est bien simple, il avait toujours été incapable de parler des sévices qu'il avait reçus. Les premières séances de thérapies se déroulaient dans un long et pesant silence, assourdissant même. Eli restait là, endolori, ne sentant plus rien, comme s'il était plongé dans une boule de coton, assis face à sa psy, malentendante. Parfois, il laissait couler des larmes sur ses joues, sans dire d'où elles venait, quel fragment de sa mémoire les enclenchait, quel élément dans la pièce lui évoquait ce besoin de lâcher la pression. C'était le seul signe que sa carapace se brisait. Elle avait eu un éclair de génie. S'il n'arrivait pas à parler, alors peut-être que ses mains en seraient capables pour lui. Elle lui avait appris les bases de la langue des signes, sans lui expliquer ce qu'elle avait derrière la tête. De fil en aiguille, il avait commencé, à employer des mots, puis à former des phrases. Il devenait au moins capable de raconter des histoires simples. Le stratagème avait fonctionné. Les conversations banales sur le déroulement de sa journée sont devenues plus sérieuses, plus graves, remuant les entrailles d'Eli. Les mots ne passaient pas la barrière de ses lèvres mais ses mains parlaient pour lui. De petites victoires qui diminuaient le poids de son vécu, alors il en redemandait, demandant plus de vocabulaire. L'apprentissage fut long mais il finit par détailler toute l'amplitude des tortures qu'Eli avait vécues.


Part  2
On into the gold river. Oh, but i was alone come winter. Oh stand in front of me. Open your eyes like you know me. Oh like you can see inside of me. Lay your healer's hands upon me. And bring that summer sun.
Hey Rosetta ! x Kintsukuroi


(6) Baby a été sa lueur d'espoir dans la nuit sans fin. Il ne fallait pas se mentir, Eli n'avait jamais vraiment été heureux avant de la rencontrer. Le coup de balançoire qui a marqué leur rencontre est le seul coup qu'il fût heureux de recevoir. Ils se sont aimés comme des enfants, au rythme des nuits passées à regarder les étoiles et parler des mythes entourant le nom des constellations. De leurs vies diurnes ils ne parlaient pas ou peu. Savourant simplement ces moments là.
(7) Il l'avait aimée, oh oui, il l'avait aimée à en crever, il l'avait aimée plus que de raison. Le problème c'est qu'il n'y a pas de raison dans la spirale destructrice dans laquelle Eli a plongé. Destructrice et même autodestructrice. Les mots de son père sont devenu les siens. Ce corps est aussi marqué de blessures mentales que physiques. Comment une jeune femme si parfaite peut vouloir rester avec un idiot aussi brisé que lui ? Elle fait ses études à l'université de New York, pour lui, il le sait, et lui il reste coincé entre une mère tout aussi maltraitée que lui et la peur de la perdre sous le poids des abus. Eli, il est presque sûr qu'une fois qu'il est chassé de la maison, son père s'en prend à sa mère et qu'en prime, il la force à honorer le "devoir conjugal". Eli ne veut pas partir, les coups qu'ils prend, c'en est autant que sa mère ne prend pas. S'il avait plus de courage, il se défendrait, mais qui dit que se défendre est la meilleure des solutions ? La voix pernicieuse de son père finit par ne faire plus qu'un avec ses idées à lui, Eli se déprécie, se flagelle mentalement. Baby, elle ne mérite pas de rester avec un incapable comme lui. Et surtout, Eli voit la souffrance dans les yeux de Baby lorsque celle-ci remonte son t-shirt et embrasse chacune de ses plaies cicatrisant. Il l'aime, il l'aime trop pour qu'elle assiste à sa chute aux Enfers. Il l'aime trop pour qu'elle s'engouffre dans ce torrent de souffrance. Il l'aime trop pour lui dire la vérité et accepter son aide. Alors, il espace les visites. Puis, il espace les appels. Eli prend des fausses excuses. Son téléphone est cassé, son téléphone sonne pas. Bien sûr que si, il fonctionne, il sonne, il essaie juste de l'ignorer. Ce jeu le détruit un peu plus, il blesse le seul organe que son père ne peut pas atteindre. Mais bon dieu, elle est coriace, il voulait que ce soit facile, qu'il disparaisse comme ça, comme une amourette ou même, comme un ami d'enfance qu'on aurait oublié. Elle s'accroche la demoiselle Kinghorn.
(8) "Je t'aime Bianca". Alors, Eli commet l'irréparable, il lui fait croire qu'il la trompe. En vérité, il en est incapable tant il a Baby dans la peau. Il appuie sur le bouton "Envoyer", c'est comme si on l'enlevait d'un respirateur artificiel et ça le tue plus vite que les abus de son père. Il emploie des mots durs, après tout, il a été à bonne école. Il envoie valdinguer sa clé à molette tant ça se dégoûte. La pause est finie et   Eli coupe court à son petit bonheur pour qu'elle aie une chance d'en connaître d'autres. Un premier électrochoc qui ne suffira pas à faire prendre son courage à deux mains au jeune homme.


Part  3
You're all that's real anymore. I am coming home now. I need your comfort. From this moment. From this moment. You will never be alone. We're bound together. Now and forever. The loneliness has gone
Muse x Aftermath


(9) Plusieurs années passent. Eli ne l'oublie pas, il s'interdit de recommencer avec une autre. Les cendres des sentiments qu'il a pour Baby sont des braises qui le brûlent de l'intérieur. Mais n'est-ce finalement pas ce qui le fait tenir ? Gus l'embauche à plein temps, l'incite à se faire aider, lui dit que ça ne peut pas continuer ainsi. Ces mots, ça lui passe au-dessus de la tête, ce qui compte c'est que sa mère survive, qu'elle se prenne moins de torgnoles dans la figure. C'est une routine en fait pour Eli, il ne sent plus vraiment la douleur, elle fait partie de lui. Et puis, il y a eu ce jour qui lui a fait l'effet d'un bon coup de pied au cul. Eli, curieux tout en sachant qu'il ne devrait pas s'infliger ça, regarde ce que devient Baby sur les réseaux sociaux. Baby a quitté New York, a plaqué ses études et vit à Cloverdale, elle surfe, elle vit une vie paisible avec ce qu'il pense être sa meilleure amie. Pas d'homme à l'horizon. Il y avait-il une chance pour lui ? Bonne question. Mais surtout, la belle semblait vivre dans un temps suspendu, elle qui pourtant semblait promise à un avenir brillant. Elle qui avait tant de projets qu'elle lui racontait le soir, sous les étoiles. Cela lui fait l'effet d'un deuxième électrochoc, non sans rappeler le premier qu'il avait eu quelques années avant. Sa journée de travail se termine, il rentre chez lui pour trouver sa mère dans le pire état qu'il soit, à la limite de la conscience, la face ensanglantée. Il l'emmène à l'hôpital, ça ne peut plus durer. L'électrochoc ultime qui le ramène à la vie. Eli laisse sa mère aux bons soins  des hospitaliers et fait ce qu'il  aurait du faire depuis longtemps. Il se barre au poste de police le plus proche, dépose plainte. Ses blessures parlent de lui même pour commencer à monter un dossier. Gus témoignera, il le sait. Il lui a déjà proposé. Bientôt sa mère dépose plainte à son tour. Le dossier est solide, le père Sullivan ira croupir en prison pour un bon moment. Le changement de résidence et d'identité est organisé. Les séances de thérapie sont posées. Et pour que les deux égratignés de la vie se reconstruisent proprement, Eli et sa mère rejoigne Cloverdale quelques mois plus tard.
(10) Eli a remonté la pente. Gus l'a recommandé à un de ses amis et Eli a trouvé du travail rapidement. Il a achevé sa thérapie maintenant. Il a pris la décision d'aider les enfants battus à son tour, il est bénévole pour une association locale. Il n'est pas rare qu'il intervienne auprès des enfants pour les aider à se reconstruire eux aussi. Son "expérience" fait qu'il trouve les signes avant coureurs et les bons mots pour les inciter à parler. On ne souhaite jamais que les événements tragiques qui nous sont arrivés arrivent à notre prochain. Cela a pris une forme tout à fait particulière pour Eli. Il veut être l'acteur de la reconstruction des autres afin qu'ils ne tombent pas dans le même pétrin que lui.
Ce faisant, il a fait ce qu'il a pu pour éviter de croiser la route de Baby. En même temps, vivant loin du quartier huppé, il conserve toutes ses chances. Néanmoins, attiré comme un aimant, l'insomniaque qu'il est, parfois s'aventure dans le quartier riche, passe devant la maison souvent agitée de fêtes en tout genre de Baby et Mara. Il ne se fait pas remarquer, discret, il ne fait que passer. Jusqu'au jour où il ira toquer à sa porte. Mais ça c'est une autre histoire qu'il reste à écrire...

j'aime trop j'aime trop j'aime trop, en plein dans mes feels                 je te valide avec grand grand grand plaisir